Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/guerre 
     GUERRE     
FEW XVII *werra
GUERRE, subst. fém.
[T-L : guerre ; GDC : guerre ; AND : guerre ; DÉCT : guerre ; FEW XVII, 567a : *werra]

A. -

"Guerre" : Tant que a la guerre, creez le conseil des vaillans hommes qui ont hanté le mestier d'armes honnourablement. Ne faictez ja long traictié a voz ennemis, car en longs traictiez gist aucunes foiz grant decepcion et grant perte pour la plus puissant partie, car les saiges reculent pour plus loing saillir. (ARRAS, c.1392-1393, 87). Lors dreca on les voiles et se firent desancrer et s'empaignent en la mer a moult noble compaignie, pourveziz comme pour la guerre, pour la doubte des paiens. (ARRAS, c.1392-1393, 143). ...lequel gentil homme estoit moult vaillant homme d'armes et estoit dedens Lucembourc que le roy d'Aussay avoit assiz. Il qui estoit saiges du mestier d'armes et de la guerre, traist les nobles du pays a part et leur dist : Beaulx seigneurs, vous povez assez appercevoir que, au long aler, nous ne povons contrester a la puissance de cestui. (ARRAS, c.1392-1393, 147). Mais je vous prie que nous laissons noz pays en garde a noz barons, et en menons Vc. bacinez, car j'ay ouy nouvelles qu'il a grant guerre entre ceulx d'Ausaiz et ceulx d'Ostriche. (ARRAS, c.1392-1393, 279).

 

-

Avoir guerre (à qqn) : Je me doubte que je n'aye bien briefment une forte guerre et grosse et a forte partie a faire ; si vueil savoir se vous me vouldrez aidier ou non. (ARRAS, c.1392-1393, 210). Et par tant le roy Uriien leur enconvenanca que, se ilz avoient guerre a nul roy sarrasin pour ceste cause, que il leur vendroit aidier a toute sa puissance. (ARRAS, c.1392-1393, 237). Et entre tant qu'ilz fesoient leurs ordonnances, OEudes, le conte de la Marche, leur frere, vint bien a LX. bacinez, car pour lors avoit guerre au conte de Vandosme (ARRAS, c.1392-1393, 279).

 

-

Estre en la guerre : ...et entretant je manderay ma gent qui sont en la guerre avecques un mien chevalier en la Leffre ou on lui avoit fait tort. (ARRAS, c.1392-1393, 173).

 

-

Faire guerre : Et lors la dame lui dist moult attrempeement : Sire chevalier, monseigneur n'est pas ceans, et pour tant vueil je aler par devers monseigneur nostre maistre, pour savoir que c'est qu'il lui plaist, car il me semble qu'il soit cy venus comme par maniere de faire guerre. Et ne croy pas que ce soit a monseigneur ne a nulz de ceulx de ceste forteresce, car ja ne plaise a Dieu que monseigneur ne nul de ses gens ait fait chose qui puisse desplaire a Gieffroy ne a monseigneur son pere (ARRAS, c.1392-1393, 207).

 

.

Faire (bonne) guerre à qqn. "Lui faire une guerre dont l'issue sera la victoire" : Nous mercions le roy de l'onneur qu'il nous fait, mais quant de nous entrer en fort, n'en chastel, n'en ville, tant que nous puissions bonnement passer par ailleurs, ce n'est pas nostre intencion, mais pensons, au plaisir de Dieu, a tenir les champs et faire bonne guerre a noz ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 99). Et quant le jayant l'entent, par poy qu'il n'enrage de fin dueil quant il voit que le corps d'un seul chevalier lui fait guerre et le requiert jusques en son recept. (ARRAS, c.1392-1393, 245).

 

.

Faire guerre de sang et de feu : Mes tres chiers seigneurs, plaise vous savoir que le roy d'Ausay l'a demandee a femme, mais elle ne s'i est pas voulu assentir, pour ce que autrefoiz avoit esté mariez. Lequel roy d'Ausay en a eu tel despit qu'il a deffiee la damoiselle et son pays, et y est entrez a force, et banniere desploiee, faisant guerre de sang et de feu, par son oultraige, sans cause et sans raison, et l'a assegiee, lui et ses gens, en la ville et chastel de Lucembourc, et a juré que jamais ne s'en partira jusques a ce qu'il l'aura prise. (ARRAS, c.1392-1393, 150).

 

-

Mettre une guerre à fin. "Y mettre fin" : Mais dictes nous quel nombre de gens pourroit bien yssir de toutes voz garnisons, les fors gardez. Par foy, cappitaine, il nous est neccessité de le savoir, et se ilz sont gens ou on se puist asseurer, car, au plaisir de Dieu, nous avons intencion de combatre le soudant et mettre brief ceste guerre a fin, car pour ce sommes nous venus par deca. (ARRAS, c.1392-1393, 99).

 

-

Mouvoir guerre (à qqn). "(Lui) déclarer la guerre" : Par foy, dirent cilz, nous ne savons que penser qu'ilz tendent a faire, sinon qu'ilz se veulent vengier de Remondin, nostre cousin, ou de nous mouvoir guerre sur ceste querelle. Mais toutesfoiz il est bon de y pourveoir de remede. (ARRAS, c.1392-1393, 70). Monseigneur, dist le cappitaine, or vous ay je compté pourquoy la guerre est meue, pourquoy le soudant a la mer passé. En nom Dieu, dist Uriiens, amours a bien tant et plus de puissance que de faire ceste emprise faire. Et sachiez, puis que le soudant a ceste emprise encommencee par force d'amours, tant fait il plus a doubter (ARRAS, c.1392-1393, 94). Dans roys, veez cy voz ennemis, faictes en a vostre guise. Lors en mercia moult les barons. Mais ilz traictierent ensemble, tant par le moyen des freres que par eulx, qu'ilz promistrent a restablir au roy d'Ausaiz sa perte. Et la chose pour quoy la guerre estoit meue, que les autres demandoient a avoir, demoura au roy d'Ausaiz. Et par tant jurerent et promistrent que jamais ne mouveroient guerre l'un a l'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 287).

 

-

Tenir guerre à qqn. "Lui faire la guerre, entrer en guerre avec lui" : Et sachiez que moy ne mon frere ne sommes pas venus vous aidier comme soudoyer pour argent, mais pour droit et raison soustenir, et aussi que tous chevaliers doivent aidier les vefves, les orphelins et les pucelles en leur droit gardant. Et on nous avoit bien informez que le roy vous tenoit guerre a son tres grant tort, et pour ce y sommes nous venus. (ARRAS, c.1392-1393, 166).

B. -

Au fig. "Combat, lutte"

 

-

Prendre la guerre pour qqc. "Combattre, se battre pour qqc." : ...combien que nous ayons a forte partie a faire, car noz ennemis sont bien dix contre un de nous. Mais quoy ! Nous avons droit, car ilz nous sont venus assaillir sans cause sur nostre droit heritaige, et aussi nous ne les devons pas ressoingnier, car Jhesucrist prist tous seulx la guerre pour nostre salvacion, et par sa digne mort seront tous crestiens sauvez qui ses commandemens tendront. Dont vous devez savoir que tous ceulx qui en ceste besoingne mourront, seront sauvez et auront la gloire de paradis. (ARRAS, c.1392-1393, 108).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach


© ATILF - CNRS & Université de Lorraine 2015
La présente ressource est produite et diffusée par l’ATILF à des fins de consultation pour l’enseignement et la recherche, à l’exclusion de toute exploitation commerciale. La citation d’un extrait de la ressource au sein d’une publication scientifique est autorisée sous condition de porter la mention suivante :
DMF : Dictionnaire du Moyen Français (DMF 2015), http://www.atilf.fr/dmf, ATILF - CNRS & Université de Lorraine.